Éireann go brá  !

(Éire à jamais!)

par Brocéliande

 

 

Sur la chaloupe qui les emmenaient vers la terre ferme Maeve et Katelyn étaient assises l’une à coté de l’autre et se tenaient la main. Dermott passa tout à coup au-dessus d’elles.

* Maeve, Katelyn, nous sommes chez nous *

* Dermott, j’aurais voulut que tu puisses poser le pied à terre le jour de notre retour. Je suis désolée.*

* Maeve, je sais qu’un jour tu réussiras, j’ai confiance en toi.*

* Moi aussi je crois en toi. Maeve tu y parviendras.*

* Merci Dermott, merci Katelyn. Je vous aime tant. *

* C’est largement réciproque petite sœur. *

Katelyn se contenta de sourire et lui serra la main, dans ses yeux Maeve pouvait lire l’amour et la confiance que Katelyn avait pour elle. Elle lui rendit son sourire.

Ils accostèrent enfin. Sinbad tendit les bras juste à temps pour retenir Maeve alors qu’elle manquait de tomber. Elle tremblait dans ses bras, et Sinbad la questionna du regard, inquiet il l’interrogea :

- Qu’y a t il, Maeve, tu as l’air étrange.

- Ce n’est rien Sinbad j’ai juste trébuché.

Mais il sut tout de suite qu’il y avait autre chose, Maeve semblait très nerveuse. Peut-être était-ce l’émotion, songea Sinbad, après tout Maeve n’avait pas revu son père depuis quatre ans, il était parfaitement logique qu’elle soit intimidée par l’idée de le retrouver.

Nerveuse Maeve se tourna vers Katelyn, cette dernière comprenait ce qui tracassait sa sœur, malheureusement elle ne pouvait rien faire ni dire qui aurait pu la rassurer. L’angoisse et le doute apparurent un instant dans le regard de Maeve, alors qu’il se posait sur sa petite sœur en espérant ainsi trouver un peu de réconfort.

* Maeve je suis désolé, je n’aurais pas dû te forcer à venir, pardonne-moi.*

* Non, Kate tu as eut raison, de plus je ne peux pas continuer à fuir ainsi éternellement, je dois faire face et affronter les événements.*

* Mais que penses-tu faire pour Ronan ?*

* Je ne sais pas,…l’éviter jusqu’à mon départ.*

* As tu parlés à Sinbad ?*

* NON, surtout pas. Nous venons tout juste de nous retrouver, je ne veux pas tout gâcher.*

* Sois prudente Maeve, Ronan n’est toujours pas décidé à laisser tomber.*

* Je sais, mais moi je n’ai pas changé d’avis.*

* Mais rassure-toi, cette fois tu n’es pas seule, de plus notre père a énormément réfléchit depuis ton départ, et lui aussi est désormais derrière toi.*

* J’espère que tu as raison, car jamais je n’accepterais. JAMAIS.*

 

Maeve se tourna soudainement vers les membres de l’équipage et avec un grand sourire elle leur proposa de les suivre, Katelyn et elle.

- Permettez-nous de vous inviter à passer quelques jours dans notre humble demeure, dit Maeve en plaisantant, avec un faux air de cérémonie.

- Maeve, peut-être pourrions nous passer par la plaine, nous serrions plus vite arrivés, de plus le paysage est tellement plus agréable.

Maeve remercia sa sœur du regard pour cette attention, Katelyn avait deviner son désir de ne pas traverser le village dans l’immédiat, aussi elle salua cette proposition avec soulagement.

 

Ils longèrent la côte quelques instant avant de s’aventurer dans une magnifique plaine parsemée de bruyère. Bientôt ils arrivèrent en vue d’un grand domaine. Celui-ci était composé d’une splendide maison entourée de dépendances : des écuries, des étables, accompagnées d’un pâturage de grande dimension, et le tout donnant sur un immense champ où se côtoyaient diverses plantations de céréales et de légumes.

Sinbad, Doubar, Firouz, Rongar et, Bryn regardèrent le domaine avec étonnement, jamais ils n’avaient imaginés que Maeve ait vécut dans un tel lieu. Cela semblait si gigantesque. Maeve constata leur stupeur et eut soudain peur de leur réaction. Que feraient-ils quand ils apprendraient qui était son père, ne la rejetteraient-ils pas ? Maeve essaya de chasser cette pensée lugubre de son esprit. Après tout, elle restait toujours la même, l’apprentie magicienne qu’ils avaient accueillie, et traité de façon égale.

 

- Bienvenue, dit Katelyn, voici Claidheamh Solúis.

- Maeve, c’est ici que tu vivais ? Demanda Firouz, posant ainsi la question qui brûlait les lèvres de tous.

- Oui. Répondit-elle simplement, désirant ne pas expliquer d’avantage pour le moment.

Ensembles ils se dirigèrent en silence jusqu’à l’imposante porte de chêne, sur laquelle étaient gravés les mots prononcés par Katelyn un peu plus tôt : Claidheamh Solúis.

- C’est du gaélique signifiant Glaive de lumière, traduit Maeve à l’intention de ses amis. Il s’agit du nom donné à ce domaine, en Irlande il est courant de nommer les demeures, ceci en rapport avec les personnes l’habitant ou l’ayant habité.

- Celui ci est en l’honneur de qui ? Demanda Sinbad.

- Ma famille est issue d’une très grande lignée de guerriers, de puissants combattants, membres de la Tuatha Dé Danann (la Tribu de la Déesse Dana). Expliqua Maeve avec fierté.

 

Katelyn frappa et la porte s’ouvrit peu après, faisant apparaître un homme d’âge mûr qui laissa échapper sa surprise en reconnaissant la jeune femme.

- Mademoiselle Katelyn, oh ! Comme je suis content, votre père était tellement inquiet, il s’est…mais…mais, il s’interrompit remarquant la jeune femme rousse qui se tenait derrière avec un groupe de personne vêtu de façon étrange.

- Mademoiselle Maeve, c’est bien vous ? reprit-il, mais c’est impossible…

- Oui, Arman c’est moi. Je suis aussi très heureuse de vous revoir.

- Père est-il ici ? Demanda Katelyn, impatiente d’annoncer à son père la visite de Maeve.

- Oui, oui il est dans le petit salon. Il sera bien surpris quand il vous verra, mesdemoiselles. Puis il se tourna de nouveau vers Maeve comme pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.

Tous entrèrent derrière Katelyn et Maeve. Sinbad était intimidé, il ne s’attendait absolument pas à un tel accueil. Il s’aperçut une fois de plus qu’il ne savait rien de Maeve, et cela lui fit peur. Que lui cachait-elle encore ?

- Oh ! Je manque à tous mes devoirs, s’excusa Arman, en tendant les bras pour prendre les manteaux des nouveaux arrivants, je vais de ce pas prévenir votre père de votre retour, ajouta-t-il en les déposant à l’intérieur d’un petit vestiaire adjacent à l’entrée.

- Arman, non attendez n’y aller pas, nous allons lui faire la surprise, s’exclama alors Katelyn.

- Bien, comme mademoiselle le désire, répondit-il compréhensif.

 

Katelyn conduisit le groupe en direction du petit salon. Ils y trouvèrent un homme assis dans un fauteuil dos à eux, et face à une majestueuse cheminée. Katelyn s’avança.

- Père, dit-elle doucement.

L’homme sursauta et se tourna prestement vers l’origine de l’appel. Alors son visage s’éclaira, ses lèvres tremblèrent tandis qu’il se levait et se dirigeait vers sa fille, des larmes dans les yeux.

- Katelyn, ma chérie, comme j’étais inquiet.

- Père.

Puis Katelyn se dégagea de son étreinte, et lentement se recula, se décalant en même temps afin de laisser apparaître le petit groupe derrière eux et une personne plus particulièrement.

Le visage de l’homme blêmit, il fit deux pas,

- Maeve, mon enfant.

Maeve le regarda avec émotion,

- Père.

Ils se rapprochèrent l’un de l’autre et se serrèrent dans leur bras. Maeve ferma les yeux en pleurant, se laissant bercer doucement, dans la douce chaleur de ces bras qui l’étreignaient. L’homme la serra tout près de lui comme pour s’assurer qu’il ne rêvait pas, puis il ferma les yeux afin de retenir ses larmes.

Sinbad et les autres étaient debout à l’entrée de la pièce, n’osant bouger pour ne pas troubler ses émouvantes retrouvailles. Sinbad sentait l’atmosphère chargée d’une tension extrême. Il ne savait que faire. Enfin Maeve s’écarta de l’étreinte de son père et se tourna vers eux.

- Père, j’aimerai vous présenter mes amis, voici Sinbad, Doubar, Firouz, Rongar et Bryn. Dit-elle en les désignant chacun leur tour, puis elle prit son père par le bras et ajouta pour l’équipage : Voici mon père.

Sinbad fut le premier à parler, humblement il se tourna vers l’homme à coté de Maeve et le salua poliment.

- Monsieur, je suis très heureux de faire votre connaissance.

- Oh non, appelez-moi par mon prénom :Pádraig (Patrick). C’est beaucoup plus agréable que Monsieur, et puis cela me rajeunit, ajouta-t-il en plaisantant. Oh ! Vous devez sûrement avoir faim, je vais demander à ce que l’on nous serve le repas tout de suite, pendant ce temps Arman fera préparer vos chambres.

Pádraig se dirigea vers une petite porte dissimulée dans le mur opposé, et l’ouvrant, il appela Arman. Après avoir donné ses instructions il se tourna de nouveau vers ses invités.

- Que diriez vous d’un petit verre avant le repas ? Laissons le temps à Dara de nous confectionner un bon petit plat, comme elle en a le secret.

Cette proposition fut saluer de tous, et ils suivirent Arman qui les conduisit jusqu’au boudoir. Là, après avoir servit à chacun un verre de vin, il quitta la pièce afin de donner ses ordres aux employés.

 

Après quelques instants de silence Pádraig se tourna vers l’équipage et leur demanda ce qu’ils faisaient.

- Nous sommes des marchands, nous allons de ports en ports afin de vendre et d’acheter des produits pour les faire connaître un peu partout.

- Cela est très intéressant, vous devez avoir visité de nombreux pays.

- Oui c’est vrai, et à chaque fois c’est comme une grande aventure.

- Sinbad n’hésite pas à venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, intervient Katelyn, je n’ai jamais rencontré personne qui s’intéresse autant aux autres, sans se soucier de ce qu’il peut lui arriver. Il a risqué sa vie pour sauver Maeve, ajouta-t-elle en insistant sur le fait que Sinbad était un homme très bien.

Maeve regarda sa sœur furieuse, décidément quand Katelyn avait une idée en tête personne ne pouvait l’en faire changer. Mais face au sourire que lui renvoyait sa petite sœur elle s’adoucit et ne put s’empêcher de lui sourire en retour, vraiment elle la comprenait mieux que quiconque.

 

Puis alors qu’ils racontaient quelques-unes une de leurs aventures à la demande de leur hôte, Arman vint annoncer que le repas était prêt. Pádraig se leva et proposa donc à ses invités de le suivre dans la salle à manger, où ils pourraient continuer leur conversation tout en mangeant.

Tous se levèrent en signe d’acquiescement, et le suivirent, Doubar avec encore plus d’enthousiasme que les autres, il mourait de faim, mais n’avait pas osé l’avouer.

Après le repas, ils retournèrent dans le petit salon afin de discuter tranquillement autour d’un verre, et d’un bon feu. Bryn s’excusa, se disant fatiguée et se retira dans sa chambre que lui indiqua Arman. Bientôt Rongar et Firouz en firent de même. Puis Sinbad et Doubar se retirèrent à leur tour avec le désir de laisser enfin un peu d’intimité à Maeve et à sa famille. Tandis qu’ils se dirigeaient vers leurs chambres respectives, ils ne purent s’empêcher de parler de cette soirée.

- D’après toi, pourquoi Maeve est-elle partie d’ici, cet endroit est merveilleux, et sa famille semble ne manquer de rien ?

- Je ne sais pas Doubar, répondit vaguement Sinbad souhaitant ne pas dévoiler les confidences que lui avaient faites Maeve.

- Je me demande bien pourquoi Maeve ne nous a jamais dis que sa famille était si importante, continua Doubar comme si de rien n’était.

Sinbad écouta son frère d’une oreille distraite, ses pensées étaient tournées vers Maeve. Qui était-elle vraiment ? Que lui cachait-elle ?

 

Quand Sinbad et Doubar eurent quittés la pièce, le silence retomba soudainement, l’atmosphère se tendit, personne n’osait dire un mot. Enfin Pádraig se décida à parler :

- Maeve, je suis désolé, je ne voulais pas ce qui est arrivé, pardonne-moi.

- Père, je sais que vous regrettez, mais tout n’est pas de votre faute, je veux parler de mon départ précipité. Il faut que vous sachiez que je serai partit tôt ou tard, même sans cette histoire de mariage.

- Quoi, mais je ne comprends pas, pourquoi voulais tu partir ? Tu t’es toujours sentit proche de ce pays, je croyais que tu voulais vivre ici.

- Père c’est autre chose qui m’a poussé à m’en aller.

- Quoi, dis le moi, je voudrais comprendre ?

- Je suis partit dans l’espoir de sauver Dermott.

Ce dernier mot sembla résonner dans toute la pièce. L’atmosphère devient alors étouffante. Jamais depuis cet affreux jour ils n’avaient évoqué le nom de Dermott. Pádraig avait toujours refusé d’en parler, il ne voulait pas croire le récit de Maeve et de Katelyn sur la disparition de leur grand frère. Pour lui il était mort, il lui était inconcevable que son fil aîné soit devenu un oiseau. Maeve avait essayé à plusieurs reprise de lui faire entendre raison, mais il s’était fermé au dialogue.

- Père, je sais que vous n’avez jamais voulu me croire, mais Dermott a bien été changé en faucon, commença Maeve.

- Je sais, je te crois maintenant. L’interrompit Pádraig, puis devant le regard étonné de Maeve et de Katelyn il continua,…je pense que je l’ai toujours su, pourtant je ne voulais pas l’admettre, il a fallut que tu partes pour que j’accepte enfin que tu disais la vérité. En effet j’avais toujours ressentit la présence de Dermott, mais après ton départ je ne l’ai plus perçut, il en fut de même pour la tienne. Alors j’ai compris que je me mentais, et que tu avais raison. Pourras tu me pardonner cela aussi ?

- Oh, père, j’aurais tellement voulu vous ramener Dermott, mais je n’ai pas encore réussit.

- Ne te blâme pas Maeve, je sais que tu feras tout pour sauver ton frère, et je sais que si quelqu’un peut le faire, cela ne peut être que toi. Tu as un don Maeve, et cela depuis ta naissance.

- Vous savez pour mon pouvoir.

- Oui, ta mère me l’avait dit.

- Maman…

- Elle savait que les Dieux avaient béni notre union, et que par cela ils avaient honoré nos enfants de leurs pouvoirs. Oui, Dermott, Katelyn, et toi Maeve, avez reçut la grâce des Dieux, vous êtes les dignes descendants des Tuatha Dé Dannan.

 

C’est à ce moment que Dermott pénétra dans la pièce, il se posa à coté de Maeve, en face de son père.

- Dermott, tu m’as manqué, dit alors Pádraig, en regardant le faucon/son fil.

* Père, pouvez vous m’entendre ?*

- Oui, je le peux, et j’en suis ravi.

* Père, comme je suis heureux, que vous me reconnaissez enfin, j’ai beaucoup souffert de ne pouvoir vous parler, j’aurais aimé vous dire tant de choses.*

- Mais il n’est pas trop tard Dermott, je suis prêt à t’écouter désormais.

Il se passa plusieurs heures pendant lesquelles Dermott, Maeve, Katelyn et leur père discutèrent. Ils se remémorèrent les événements de leur vie, avant que celle-ci ne bascule. Tout à coup la conversation dévia et partit de nouveau sur la raison du départ de Maeve.

- J’ai compris que ce mariage était une erreur, je n’aurais jamais dû essayer de te forcer à l’accepter, excuse-moi Maeve.

- Père, c’est oublié désormais, car je sais que je suis maintenant libre de choisir ma destinée, Kate m’a annoncé votre décision de me soutenir, et j’en suis heureuse.

- Oui, dorénavant je veux que mes enfants soient libres de faire leurs choix, de diriger leurs vies.

 

Soudain un coup fut frapper à la porte, quand celle-ci s’ouvrit, suite à l’invitation de Pádraig, Arman entra.

- Monsieur, Dara serait très heureuse de pouvoir vous préparer un repas de retrouvailles pour demain, aussi elle aimerait savoir ce qui vous ferez le plus plaisir.

- Et bien mon cher Arman, je n’ai pas de préférence en particulier. Maeve, Katelyn, dit-il en se tournant vers ses filles, que désiriez vous ?

- Pour ma part, je fais confiance à Dara, elle a toujours su nous étonner, répondit Katelyn.

- Je suis d’accord avec Kate, dit Maeve, je suis sûre que Dara nous mijotera un de ses petits plats dont elle seule a le secret.

- Bien, dites à Dara que nous nous fions à son bon goût, je vous remercie Arman, se sera tout, vous pouvez aller vous coucher, merci.

- Bien Monsieur, Bonne nuit… Mesdemoiselles , ajouta-t-il en se tournant vers Maeve et Katelyn pour les saluer.

- Bonne nuit Arman, répondirent-elles.

 

 

Peu après ils allèrent à leur tour se coucher.

Maeve arriva dans sa chambre, rien n’avait changé, tous étaient à l’endroit où elle les avait laissés. Elle retrouva ses objets personnels, ses vêtements, son lit. Elle s’y écroula fatiguée de cette journée qui avait été riche en rebondissements. Elle s’endormit presque aussitôt.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

- Lâches-moi, tu me fais mal.

- Jamais, tu m’entends jamais je ne te laisserais me faire cet affront. Tu n’as pas le choix.

- Ah oui, et bien nous verrons cela. Avec ces mots elle se libéra de son étreinte et s’éloigna de lui.

- Maeve, tu m’épouseras de gré ou de force. Les anciens l’ont décidé et tu ne peux pas aller contre leur volonté.

- Mon père sera l’empêcher, répondit-elle avec un air de défi.

- C’est là que tu te trompes, car vois-tu j’ai l’accord de ton père. Devant le regard incrédule de Maeve, Ronan continua, oui ton père a donné sa bénédiction. Face aux souhaits des grands prêtes, il ne peut rien.

- Non, non je ne te crois pas, c’est impossible, jamais mon père m’imposerait un mariage dont je ne veux pas. TU MENS lui cria-t-elle au visage.

Alors Ronan se mit à rire, et Maeve s’enfuit en courant vers Claidheamh Solúis.

- Père, Pourquoi ?Pourquoi avez-vous fais cela ?

- Maeve tu dois comprendre que je n’ai pas le choix.

- Non c’est faux, vous avez le droit et le pouvoir de refuser. Je vous en prie père, je ne veux pas épouser Ronan.

- C’est trop tard Maeve, le mariage aura lieu juste après les festivités de Beltan.

- NON. Alors Maeve sortit de la pièce et s’enferma dans sa chambre elle s’effondra sur son lit en pleurant.

Elle ne pleurait jamais, ne voulait jamais montrer ses sentiments, car elle pensait que c’était là une preuve de faiblesse, et pour sa famille se serait un déshonneur. Maeve respectait trop ses illustres ancêtres pour se laisser aller à une telle faiblesse.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Maeve se réveilla en sursaut, ce rêve…Elle n’avait plus fais ce rêve depuis si longtemps. Les battements de son cœur s’étaient accélérés, elle était agitée par ce vieux cauchemar. Elle tenta de se calmer, de se rendormir, mais elle ne put y parvenir.

 

Aux premières lueurs de l’aube, Maeve se leva et descendit à la cuisine. Dara était déjà debout et elle s’affairait aux fourneaux. Maeve la salua et la vieille cuisinière la serra alors contre elle. Elle était si heureuse du retour de Maeve. La jeune femme avait toujours était si proche d’elle, elle se rappelait ces moments passés dans la cuisine à préparer ensemble des gâteaux, alors que cette dernière était encore petite fille. Mais les années étaient passées, et la petite fille était devenue une très belle jeune femme, et puis il y avait eut cet horrible accident, et puis cette fameuse "demande" en mariage. Maeve avait alors changé, et un matin elle n’était plus là. Mais aujourd’hui c’était une jeune femme épanouie qui se tenait devant elle, elle était si émue qu’elle ne put retenir ses larmes.

- Mademoiselle…dit-elle enfin.

- Dara, je suis très heureuse de vous revoir, vous m’avez manqué.

- Vous aussi mademoiselle Maeve, vous savez beaucoup de choses ont changé depuis votre départ. Votre père en a été très attristé. J’ai cru qu’il ne s’en remettrait jamais, mais heureusement mademoiselle Katelyn, était là pour le soutenir.

- Je sais Dara, je n’ai jamais eu l’intention de lui faire du mal.

- Je le sais mademoiselle, je sais que ce n’est pas votre genre. Et je vous voudrais vous dire que je comprends votre geste.

A ce moment Katelyn entra dans la pièce, elle sourit en voyant que sa sœur avait revêtu une de ces anciennes robes, elle était de retour et c’était tout ce qui comptait, même si cela était que pour quelques jours. Elle était heureuse d’avoir retrouvé sa grande sœur.

Ensuite elles se rendirent ensembles dans la salle à manger, où elles rejoignirent Sinbad, Doubar, Firouz, Rongar, et Bryn pour prendre le petit déjeuner. Leur père était là, et déjà il discutait avec Sinbad et les autres. Il semblait si joyeux, Katelyn vu qu’il n’était plus le même homme que ces quatre dernières années. Il était redevenu ce père qu’elles avaient toujours connu et aimé.

- Sinbad, sais-tu monter à cheval ? Demanda tout à coup Pádraig.

Sinbad le regarda un peu confus.

- Et bien à faire dire, pas très bien, je suis plus à l’aise sur la terre ferme, ou sur l’océan que sur un cheval.

- Oh ce n’est pas grave, Maeve te montrera. Puis devant le regard courroucé de sa fille, il continua, Et vous ? Dit-il en se tournant vers le reste de l’équipage, devant leurs mines pas très encourageantes il rit, puis ajouta : Je vais dire à Dara de vous préparer un pique-nique, et vous pourrez tous ensemble aller visiter notre belle région. Vous pourriez prendre le chariot. Qu’en dites-vous ?

Sinbad jugea qu’il était préférable de ne pas le contrarié, de plus il mourait d’envie de connaître le pays où Maeve avait grandit.

Devant l’écurie, Pádraig présenta les chevaux qu’il avait choisit pour l’équipage. Maeve monterait Pagan, son étalon, celui que lui avait offert son père peu de temps avant son départ. Katelyn avait Keltia, sa jument, tandis que Sinbad monterait Seamróg le plus doux des étalons de l’écurie. Bryn qui avait manifesté le désir de monter elle aussi, eut Draco. Doubar, Firouz et Rongar préfèrent monter dans le chariot avec le panier à provisions.

Ensemble ils partirent donc à travers la lande irlandaise. Maeve en tête montrait le chemin, à coté d’elle se tenait comme il le pouvait, Sinbad. Il écoutait les précieux conseils que lui donnait sa voisine. Bryn et Katelyn venaient après, entourant le chariot où se trouvait se reste de l’équipage.

Au fur et à mesure qu’ils avançaient Maeve et Katelyn présentaient leur pays, attirant leurs attentions sur tels ou tels endroits dont la vue était merveilleuse.

Enfin ils s’arrêtèrent devant les ruines d’un vieux dolmen. Ils descendirent alors de cheval et installèrent la nappe pour le pique-nique. Celui-ci se déroula dans la joie et la bonne humeur. Dermott les avaient rejoins, et tous ensemble pendant les heures qui suivirent, ils discutèrent des endroits qu’ils seraient intéressant de visiter.

- Pourquoi n’irions nous pas en ville ? Demanda Firouz.

Maeve pâlit à cette requête, elle savait que tôt ou tard, ils désireraient se rendre en ville, mais au fond d’elle, elle espérait que ce soit le plus tard possible. Elle n’avait aucune envie de revoir Ronan, mais cela semblait pourtant inévitable. Qu’allait-elle faire ? Qu’elle serait la réaction de Ronan en la voyant ? Quoi qu’il en soit cela ne présageait rien de bon.

Bryn remarqua l’expression étrange de Maeve. * Elle semble ne pas vouloir se rendre en ville, peut-être y cache-t-elle quelque chose qui pourrait m’être utile. Je dois à tout prit les convaincre d’y aller dés maintenant.* pensa-t-elle.

- Oh, oui c’est une bonne idée, dit Bryn, répondant ainsi à la question de Firouz. J’ai très envie de faire les boutiques. Allons-y, ajouta-t-elle en regardant Sinbad avec une petite moue.

Sinbad avait lui aussi remarqué l’expression de Maeve, Il se tourna vers elle, cherchant une solution, une échappatoire. Ce fut Katelyn qui vint alors au secours de sa sœur.

- Pourquoi ne pas attendre, il est déjà tard et le soleil va bientôt se coucher, et c’est un spectacle magnifique que de le voir se coucher sur la plaine.

- Cela me semble une excellente idée, qu’en penses tu Firouz ?

- Oui, vous avez raison après tout nous avons tout le temps devant nous.

- Bryn ? Demanda Sinbad.

Cette dernière ne put qu’accepter cette proposition qui avait l’approbation de tous.

Maeve parut soulagée, toutefois elle savait que s’était reculer pour mieux sauter, mais elle était heureuse de ces quelques heures de répits supplémentaires.

 

 

La soirée se passa sans inconvénient, une fois rentrés, ils avaient dîner tout en faisant le récit de leur journée à Pádraig qui se montra très curieux, et intéressé. Puis ils se réunirent autour de la grande cheminée, où Pádraig évoqua des souvenirs à la demande de l’équipage, tout en ayant soin d’éviter les passages douloureux ou embarrassant pour Maeve. Ensuite ils allèrent se coucher, avant Pádraig arrêta Maeve, désireux de s’entretenir seul avec elle.

- Sinbad est un jeune homme bien comme il faut. Dit-il en couvrant sa fille d’un regard bienveillant.

- Père, je sais où vous voulez en venir, et je pense que Katelyn n’a pas su garder sa langue, n’est-ce pas ?

- Maeve, ne reproche rien à ta sœur, c’est moi qui lui ai posé des questions auxquelles elle n’a fait que répondre vaguement. Mais je suis ton père, et il y a des choses qu’un père ressens.

- Père, je ne voudrais pas vous déplaire, mais…

- Maeve, cela ne ma déplais absolument pas, je te l’ai dit, j’aime beaucoup Sinbad, et puis il n’y a plus que ton bonheur qui compte pour moi désormais.

- Père, merci. Merci pour la confiance que vous m’accordez. Je serais m’en montrer digne.

- Je le sais bien ma chérie.

Pádraig prit sa fille dans ses bras et l’embrassa avant de la laisser rejoindre sa chambre. Il la regarda s’éloigner, * Oh ! Comme elle ressemble à sa mère, elle a hérité de sa beauté, mais aussi du caractère fort de notre famille. Je suis vraiment très fier d’elle.* pensa-t-il.

 

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

- Katelyn, c’est décidé, je vais partir.

- Maeve attend, tu ne peux pas faire ça, pense à notre père, cela lui briserait le cœur, il a déjà perdu Dermott, ne lui retire pas une autre part de son cœur.

- Katelyn il ne me laisse pas vraiment le choix, tu sais.

- Oui, mais au fond de moi, c’est aussi pour moi que je dis cela, Maeve, je ne veux pas que tu t ‘en ailles.

- Kate, j’ai une chance de sauver Dermott, il faut que je le fasse, de plus je ne peux plus rester ici, Beltan approche, et je n’ai aucune envie d’attendre que Ronan bloque le port.

- Je comprends, vas-t’en Maeve, sauve Dermott, mais je t’en prit ne m’oublie pas.

- Jamais je ne t’oublierai petite sœur.

Le lendemain, alors que tous dormaient encore, Maeve sortit discrètement, elle se rendit à l’écurie et fit sortir Pagan. A ce moment Katelyn arriva en courant, elle tenait un petit étui à la main.

Enfin Maeve était partit, elle avait eut beaucoup de difficulté à quitter Katelyn. Elle serrait encore dans sa main la flûte que Katelyn lui avait confiée. Elle se dirigeait lentement vers le port, essayant de rester la plus discrète que possible.

Elle trouva un bateau qui acceptait de la prendre à son bord, et fit repartir son cheval vers le domaine familial.

Le bateau allait appareiller quand un homme arriva en courant sur la jetée.

- MAEVE, NON TU N’AS PAS LE DROIT DE T’EN ALLER. JE TE L’INTERDIS ? TU M’ENTENDS.

Maeve tenta d’ignorer les hurlements de Ronan. Elle priait pour que le bateau s’éloigne le plus vite possible, afin qu’il ne puisse pas la rattraper.

- MAEVE, TU ES A MOI, NE L’OUBLIE PAS…TU N’AS PAS LE CHOIX….JE TE RETOURVERAI, ET ALORS TU NE POURRAS PLUS M’ECHAPPER. MAEVE…

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Maeve se réveilla en tremblant. Elle ferma les yeux un instant avec l’espoir de chasser son visage de son esprit. Le soleil allait se lever, et elle ne pourrait pas éviter cette confrontation, elle savait qu’aujourd’hui elle verrait Ronan, rien ne pourrait désormais l’empêcher. Maeve eut alors très peur, comment cela allait-il finir ? Elle devait parler à Sinbad avant qu’il ne soit trop tard.

 

Alors que Maeve se dirigeait vers le bureau de son père, Arman l’arrêta.

- Mademoiselle, attendez, votre père reçoit un messager, il a demandé à ce que personne ne les déranges.

- Bien, alors je vais patienter quelque instant. Arman, savez vous de qui il s’agit ?

- Cet homme a dit s’appeler Rhiannon. Je ne l’avais jamais vu auparavant.

- Merci Arman.

Tandis que Arman s’éloignait, Maeve arriva devant la porte du bureau, elle surpris la conversation de son père avec l’inconnu, la porte étant restée légèrement entrouverte.

- Non, il est hors de question, je ne reviendrais pas sur ma décision.

- Mais vous n’avez pas le droit, le conseil…

- Peut importe le conseil, j’ai déjà fais mon choix.

- Vous ne pouvez pas refuser, pas après ce qui s’est passé.

- Pour moi il ne s’est rien passer qui puisse mériter un tel jugement.

- Les anciens n’accepteront jamais.

- Et bien moi non plus, vous pouvez aller le leur dire. Je ne changerais pas d’avis.

- Si vous désobéissez au conseil, vous risquez d’avoir des gros ennuis.

- Ma famille a toujours fait ce que désirait le conseil, et cela depuis toujours. Elle a respecté les traditions, et les coutumes. Elle s’est battue pour ce pays. Je pense que le conseil sera en tenir compte. En attendant je vous prierais de bien vouloir quitter ma demeure. J’ai des invités à qui je me dois.

- Bien, si tel est votre désir, je rapporterai vos paroles à qui de droit. Au revoir.

La porte s’ouvrit brusquement, Maeve se recula instinctivement et attendit que l’homme se soit éloigné. Ensuite elle frappa à la porte du bureau, et entra pour trouver son père faisant les cents pas au centre de la pièce en marmonnant, visiblement très contrarié.

- Qu’y a-t-il, père ? Que voulait cet homme ?.

- Rien, rien de bien important, ne t’inquiète pas Maeve.

- Père, vous êtes sûr, vous m’avez l’air bien soucieux. Puis-je faire quelque chose.

- Oui, va retrouver tes amis, et amuses-toi. Te voir heureuse, voilà ce que je veux.

- Bien.

Maeve vu qu’il était inutile d’insister, elle sortit donc de la pièce, laissant son père seul avec ses pensées.

 

Elle rejoignit Sinbad et les autres qui déjà étaient prêts et semblaient impatients de visiter le village. Seul Katelyn et Sinbad semblaient préoccupés. Maeve n’avait plus le choix désormais, elle ne pouvait pas interdire à ses amis de se rendre au village, ni même refuser de les accompagnés, cela aurait été trop étrange.

 

Ils se mirent donc en route. Marchant lentement, profitant du paysage. Ils avaient prit leurs manteaux, car en cette fin de mois d’avril, l’air était encore frais.

Tandis qu’ils s’approchaient du village, une étrange pensée vint dans l’esprit de Maeve. La fin du mois d’avril. Dans quelque jour on célébrerait la fête de Beltan, le début de l’été. Elle réalisa ce que cela représentait, il y a quatre ans, à cette même date, devait avoir lieu le mariage. Alors Maeve commença à avoir un très mauvais pressentiment.

Ils arrivèrent enfin. Ils pénétrèrent dans la première rue et se dirigèrent vers la grande place. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, l’impression de Maeve grandissait. C’est alors qu’elle le vit. Debout à l’entrée du pub, il discutait avec des amis.

Sinbad vit les yeux de Maeve se fixer droit devant elle, elle semblait complètement perdue. Il suivit son regard et vit alors un homme grand, aux cheveux brun, duquel émanait une certaine prestance. Il portait un pantalon noir, et une chemise de même couleur, légèrement entrouverte au col. Il semblait être quelqu’un d’important. Tout le monde était poli et courtois à son égard, et chacun le saluait.

Tandis qu’elle racontait à Firouz l’histoire de son peuple Katelyn regardait devant elle. A son tour elle aperçut l’homme qui se trouvait maintenant au centre de la place. Instinctivement elle se tourna vers Maeve, celle-ci avait pâlit légèrement. Alors elle voulut entraîner le petit groupe vers une ruelle remplit de boutique, mais l’homme les avait vus, et déjà il venait dans leur direction.

- Maeve, je viens d’apprendre ton retour. Dit-il, en ignorant le reste du groupe. Tu nous as beaucoup manqué, surtout pour la fête de Beltan. Il est à espérer que cette fois tu resteras jusqu’à cette cérémonie. Ajouta-t-il ironique.

Maeve ne voulut pas relever l’allusion, et lui répondit sur le même ton.

- Ronan, effectivement cela fais longtemps, mais je crains de devoir te décevoir à nouveau, car nous ne resterons pas suffisamment pour assister aux festivités.

- Pourtant il me semble que le conseil a requit ta présence auprès de ton père. Il semble très impatient de te revoir.

Maeve sentit tout à coup une présence dernière elle, une présence rassurante, et bienveillante, sans avoir le besoin de se retourner, elle sut qu’il s’agissait de Sinbad, et au fond d’elle, elle le remercia de cette attention.

Le regard de l’homme se fixa alors sur Sinbad, menaçant et froid. Il regarda de nouveau Maeve mais cette fois une lueur inquiétante brillait dans ses yeux, la jalousie l’avait envahit.

Qui était cet homme qui se permettait de se rapprocher ainsi d’elle ?

- Maeve, tu ne me présentes pas à tes amis, dit-il avec une voix fausse.

- Ronan, voici Sinbad, Doubar, Firouz, Rongar, et Bryn, et tu connais Katelyn, finit par répondre Maeve à contre cœur. Ronan est le fil d’un vieil ami de ma famille, ajouta Maeve pour l’équipage.

Ronan fronça les sourcils en ce voyant présenté ainsi.

- Oh, Maeve, ne soit pas si timide. En fait je suis un très bon ami, déclara-t-il à l’équipage, en essayant d’insister le plus possible sur les derniers mots. Katelyn, je suis heureux de te revoir, tu étais partie depuis plusieurs mois déjà. Bríd m’a dit que tu t’étais rendue en Orient.

- Oui, Bríd, t’a dit vrai. Mais quant à toi, tu ne devais pas te rendre chez des parents dans le Nord.

- Oh tu sais mon père a toujours en tête l’idée de me marier, alors en attendant, je reste ici. Et je constate que j’ai bien fait. Dit-il en regardant Maeve avec convoitise, ce qui ne plut pas du tout à Sinbad.

Alors qu’il n’avait rien dit jusqu’à présent, Sinbad se tourna vers Maeve, et posant sa main sur son bras, lui dit :

- Pourquoi, n’irions nous pas dans cette petite boutique dont vous nous avez parlé, il me semble que Firouz et Bryn voulaient faire quelques achats, ajouta-t-il en se tournant vers ces derniers afin d’obtenir un signe affirmatif.

- Oui, oui, je voudrais trouver différents matériaux qui me sont nécessaire pour ma future invention, acquiesça Firouz.

- Bon et bien allons-y, répondit Maeve. Ronan, excuse-nous.

- Oh, mais bien sûre.

Tandis qu’ils faisaient quelques pas pour s’éloigner, Ronan les interpella pour les saluer.

- Alors à très bientôt Maeve. On se reverra chez le conseil.

Maeve ne chercha pas à lui répondre et s’éloigna avec l’équipage.

L’atmosphère s’était tendue, personne n’osa dire quoique ce soit avant qu’ils ne furent entrés dans la boutique. Mais là encore la conversation fut anodine, et la rencontre avec Ronan ne fut pas abordée.

Plus tard ils rentrèrent à Claidheamh Solúis, en riant tout le long du chemin des Péripéties de Firouz pour pouvoir trouver le matériel dont il avait besoin. C’est donc dans un esprit joyeux qu’ils rejoignirent la demeure. Là, ils découvrirent une calèche arrêtée devant l’imposante porte.

 

Dés qu’il entrèrent Arman se précipita vers eux.

- Mademoiselle Maeve, enfin vous voici. Votre père vous attend dans son bureau, il désire vous entretenir d’une affaire urgente.

- Bien, merci Arman, j’y vais de ce pas.

Maeve et Katelyn surent tout de suite de quoi il s’agissait. Elles avaient reconnu la calèche de Nuada, un des membres du conseil. Maeve se tourna vers ses amis et leur dit de ne pas l’attendre et d’aller se divertir. Katelyn leur proposa pour passer le temps, une visite complète du domaine. Ils n’avaient pas encore eut l’occasion de le voir, aussi ils acceptèrent. Seul Firouz qui voulait travailler sur son invention, et Bryn qui se dit fatiguée, restèrent et gagnèrent leurs chambres.

Maeve se rendit alors dans le bureau de son père, en essayant de paraître naturelle aux yeux de ses amis, même si au fond d’elle, elle n’était absolument pas rassurée par cette visite. Elle savait ce qu’elle signifiait. Elle allait devoir expliquer au conseil sa fuite.

 

 

Sinbad, Doubar, et Rongar suivirent donc Katelyn et Dermott, et se rendirent vers les jardins.

 

Bryn entra dans sa chambre, elle n’avait pas cesser de penser à leur rencontre avec l’homme au village. Maeve s’était comporté de façon étrange comme si elle ne voulait pas lui parler. Elle avait donc quelque chose à cacher. Quelque chose qui pourrait bien s’avérer lui être utile. Peut-être avait-elle là le moyen de briser l’entente entre Maeve et Sinbad. Elle devait à tout prix, découvrir de quoi il s’en retournait. Mais comment allait-elle s’y prendre ? Elle ne pouvait tout simplement pas poser la question à l’intéressée ? A moins qu’elle…

Maeve s’arrêta un instant devant la porte, elle prit une grande inspiration et frappa, peu après que son père l’y invita, elle entra.

Un homme aux cheveux grisonnant était assis dans le fauteuil en face de son père. Son visage était fermé, et froid. Son regard se posa sur Maeve tandis qu’elle entrait. Il la fixa un instant de la tête aux pieds, et se retourna vers Pádraig. Ce dernier se leva alors, et se dirigea vers elle.

- Maeve je t’en prit assis toi.

Maeve leva les yeux vers son père à la recherche d’un signe, mais celui-ci se détourna. Elle vint donc s’asseoir à coté de lui, face au vieil homme.

- Maeve, je pense que tu as deviné, la raison de ma visite, dit enfin ce dernier après avoir gardé le silence quelque instant.

- Oui. Se contenta de répondre Maeve.

- Bien, j’irais droit au but. Ta conduite est tout simplement inqualifiable. Tu as délibérément désobéit au conseil, tu as fui tes responsabilités, tes devoirs. Qu’as tu à dire pour ta défense ?

- Mes raisons sont multiples, mais ce que vous devez savoir c’est que jamais je n’ai voulu de ce mariage. Personne ne semblait se soucier de mes désirs. Tout ce qui vous importait était de donner au fils de votre ami, ce qu’il voulait, peu vous importez ce qui pouvait arriver.

- Comment oses-tu ? Tes propos sont insultants.

- Veuillez m’excuser si mes paroles ont pus vous paraître offensantes, mais je ne fais que démontrer une évidence.

- Maeve, intervint Pádraig, calmes toi, je t’en prit. Tu ne sais plus à qui tu t’adresses.

- Au contraire père, je sais parfaitement. Mais voyez-vous désormais j’ai décidé de ne laisser personne me dire ce que j’ai à faire.

- Tu vas au devant de gros ennuis, le conseil pourrait…commença Nuada.

- Me punir, interrompit Maeve. Soit, mais ne croyez-vous pas que de me forcer à m’unir avec un homme que j’exècre, est une peine plutôt exagérée et répugnante.

- Je ne te comprends pas Maeve, Ronan est un jeune homme très bien.

- Oh oui certainement, si on aime le genre macho, et vulgaire.

- Alors là cela suffit, Pádraig je te serai gré de bien vouloir raisonner ta fille. Tu devrais lui dire qu’elle va trop loin, et qu’elle…

- Est libre de choisir sa vie. Finit Pádraig.

- Comment cela, tu soutiens ces caprices.

- Je considère que faire ce que l’on désir de sa vie n’est pas un caprice, mais un droit.

- Bien, j’ai compris. Mais tu devras t’expliquer devant le conseil, et devant Aindrea (André) et son fils Ronan. Tu devras leur dire pourquoi ta fille passe avant l’honneur de ta famille.

- L’honneur de ma famille est semble-t-il très solide, n’oublie pas qui elle est. De plus je pense que j’ai autant de droit que toi d’être au conseil, si ce n’est pas plus.

A cela Nuada ne répondit pas. Il savait que Pádraig avait raison. Il décida donc de partir tant qu’il lui restait encore un semblant de prestance. Il se leva, et après avoir saluer brièvement ses hôtes, il quitta la pièce. Son valet qui le vit sortir se précipita pour lui ouvrit la porte et l’aider à monter en voiture.

Après son départ Maeve et Pádraig restèrent un instant silencieux. Maeve était fière de son père, il n’avait pas hésiter à défier le conseil pour elle. Pádraig lui, venait de prendre enfin conscience de ce qu'il avait faillit imposer à sa fille aînée.

- Père, je vous remercie de m’avoir soutenu. Je sais ce que cela vous contraint à accepter.

- Maeve, je viens de comprendre ton geste, et cela a réveillé en moi un vieux souvenir que j’avais oublier.

Maeve surprise regarda son père sans saisir le sens de ses mots.

- En effet, quand j’étais plus jeune, je devais avoir l’âge de Dermott, mon père a voulut que je rentre au service du conseil. Mais je ne le désirais pas, je voulais devenir un guerrier, comme mon grand-père et comme tous les hommes de la famille jusque là. Je voulais montrer ma bravoure lors des combats, je rêvais de rejoindre le nom de mes ancêtres qui s’était battus vaillament face aux Fomoiré. Mais mon père en avait décidé autrement. J’ai du me résoudre à faire ce qu’il m’ordonnait, et je lui en aie toujours voulut. Je m’étais jurer de ne pas agir ainsi avec mes enfants, et c’est exactement ce que j’ai fais. Je suis désolé Maeve, jamais je n’aurai du accepter ce mariage. Mais tu dois comprendre que j’étais un peu désemparé, Dermott venait de disparaître, et il y avait le village à reconstruire.

- Père, je ne vous en veux pas. Tout le monde a le droit à l’erreur. Le plus important est de les reconnaître et de les rectifier. Et aujourd’hui vous avez fais les deux. Pour cela, je vous aime encore davantage.

- Merci, Maeve, saches combien j’apprécie tes paroles. J’ai attendu de te demander pardon depuis si longtemps, que je n’osais y croire.

- Père vous venez de me prouver à quel point vous m’aimiez, comment aurais-je pu vous garder rancune de cette histoire.

 

Ce soir là après tout le monde furent couchés, Katelyn se rendit dans la chambre de sa sœur. Pendant tout le reste de la soirée, elle avait été soucieuse d’apprendre comment s’était passé l’entretien. Elle se demandait ce que le conseil avait pu encore inventer au sujet des événements survenus il y a quatre ans.

Toc, toc.

- Maeve…

- Entre Katelyn.

- Excuse-moi, je ne te dérange pas j’espère ?

- Non j’avais décidé de lire un peu avant de me coucher. Viens assis toi.

Katelyn regarda un instant Maeve, sans savoir comment aborder le sujet de sa visite. Maeve le comprit et prit donc la parole en première.

- Je vais devoir justifier mes actes devant le conseil. Ronan et son père ont réclamé une réparation des préjudices subis suite à l’annulation du mariage.

- Oh, je vois. Et qu’en dit père ?

- Il a décidé de me soutenir jusqu’au bout. Il est prêt à tout pour ça, enfin je le crois. Il avait l’air très sérieux en répondant à Nuada.

- Je t’avais dit qu’il avait changé.

Il y eut un silence.

- Maeve, je suis désolé. Tous ces ennuis, c’est à cause de moi. Je n’aurais jamais dû te forcer à venir.

- Kate, je te l’ai déjà dit, ce n’est pas ta faute. Tu ne m’as pas obligé, j’ai voulu venir. Et je savais à quoi je m’exposais en faisant cela.

- Peut-être, mais je ne peux pas m’empêcher de le croire.

 

- Que vas-tu faire ? Demanda Katelyn après un instant.

- Je ne sais pas. Pour le moment je n’ai pas vraiment le choix, je dois me rendre à la convocation du conseil. Mais je ne serais pas seule, et cela me rassure.

- Et pour Sinbad ?

- Je dois lui dire la vérité, avant qu’il ne l’apprenne autrement. Pourtant je ne sais pas comment je vais m’y prendre.

- Oui, c’est assez délicat. Mais s'il t’aime, il comprendra.

- Je souhaite que tu aie raison.

- Il faut croire en l’avenir, c’est une personne très sage qui m’a dit cela un jour, dit Katelyn en regardant en souriant Maeve, qui était l’auteur de ces paroles.

Maeve lui sourit en retour.

- Tu sais, il n’est pas très tard, peut-être que Sinbad ne dors pas encore ? Ajouta-t-elle, d’un air complice.

- C’est vrai, il est inutile de repousser l’échéance encore une fois. Je vais aller le voir tout de suite. Merci Katelyn.

- A ton service, dit-elle en riant. Même si je n’ai pas fais grand chose.

Maeve se leva alors, et Katelyn en fit autant. Elles sortirent ensemble de la chambre et se dirigèrent vers la partie de la maison où se trouvaient les chambres des invités. Mais avant d’y pénétrer, Katelyn posa sa main sur le bras de sa sœur en signe d’encouragement, puis après qu’elles se soient souhaitées bonne nuit, Maeve s’éloigna seule.

Sinbad termina de lire le petit livre que Maeve lui avait prêté sur le pays. Soudain un coup timide fut frappé à la porte. Il se leva et alla ouvrir. Maeve se tenait dans l’entrebâillement, debout devant lui. Il lui sourit et l’invita à entrer. Ils s’assirent, Maeve sur une chaise et Sinbad sur le bord du lit.

- Sinbad, j’ai quelque chose à te dire. C’est à propos de ce qui s’est passé il y a quatre ans.

Sinbad la regarda, il avait deviné que ce qu’elle voulait lui avouer ne lui serait pas facile, aussi il décida de ne pas l’interrompre.

- En fait, il ne s’agissait pas d’une simple dispute avec mon père. Si je suis partie précipitamment c’est…

Maeve ne put pas finir sa phrase, car quelqu’un frappa. Sinbad regarda Maeve, hésitant sur ce qu’il devait faire, mais comme le coup se répétait, celle-ci soupira et se leva. Sinbad en fit de même, et alla ensuite ouvrir.

Bryn finissait de se coiffer quand elle entendit un bruit de pas dans le couloir. Discrètement elle entrouvrit la porte, et regarda. Elle fit alors Maeve qui se dirigeait vers la chambre de Sinbad. Que pouvait-elle venir faire à cette heure ? Se demanda-t-elle. Elle voulait sûrement dire quelque chose de très important à Sinbad. Elle ne devait pas la laisser faire. Créer un conflit entre eux était le seul moyen qu’elle avait pour les séparer. De plus, elle n’avait plus le droit à l’erreur, car s’il lui avait pardonner une première fois, il n’accepterait certainement pas un deuxième échec. Sur cela il avait été très clair quand il l’avait contacté juste après le nouveau changement de Sinbad. Elle sortit donc de sa chambre et se rendit chez Sinbad. Là elle tenta d’écouter leur conversation, mais la porte était trop épaisse. Elle se décida donc de frapper, et de donner n’importe quel prétexte à sa visite si tardive.

Sinbad ouvrit la porte, et fut surpris de voir qu’il s’agissait de Bryn. Celle-ci avait l’air un peu troublée, elle chercha ses mots avant de parler.

- Sinbad, euh, excuse-moi, je ne voulais pas te déranger.

- Ce n’est rien Bryn, qu’y a-t-il ?

Bryn ne répondit pas tout de suite et se tourna vers Maeve.

- Sinbad, on parlera une prochaine fois, dit cette dernière, avant de s’avancer vers la porte.

- Maeve, attends, s’exclama ce dernier, mais déjà Maeve s’apprêtait à quitter la pièce.

- Je ne voulais pas vous interrompre, mentit Bryn.

- Ce n’est rien, j’allais m’en aller, répondit Maeve, en faisant de même.

- Maeve, attends…

- Ce n’est pas grave Sinbad, on se verra demain. Bonne nuit.

- Bonne nuit, répondit-il un peu déçut.

 

Bryn suivit Maeve du regard, tandis qu’elle s’éloignait. Elle avait réussit, Maeve n’avait pas eut le temps d’avouer quoique ce soit à Sinbad. Puis elle se tourna vers Sinbad en réfléchissant à une excuse qui semblerait assez plausible.

- Sinbad, je suis navré, je n’avais pas l’intention de vous déranger. Dit-elle doucement en signe d’excuse.

- Ce n’est rien, tu ne pouvais pas savoir. Tu voulais me voir ?

- Oui, mais ce n’était pas très important, j’aurais dû attendre demain.

 

Le lendemain, Maeve n’eut pas une seule fois l’occasion de parler avec Sinbad. Jamais ils ne purent s’isoler, même pour un court instant.

Bryn semblait différente ce jour là, elle était beaucoup plus bavarde, elle n’hésitait plus à se joindre aux conversations, alors que jusqu’à présent, elle était restée discrète. Elle montrait désormais un grand intérêt pour le passé de Maeve et de sa famille.

Maeve trouva son comportement étrange et ses doutes à son sujet resurgirent. Malheureusement elle avait d’autres préoccupations plus importantes qui la tracassait suffisamment sans pour autant ajouter une enquête à mener en sus.

En fin de matinée, un messager vint pour apporter à Pádraig une missive importante du conseil. Il s’agissait d’une ‘invitation’ pour lui et Maeve à venir les voir, pour cet après-midi. Pádraig demanda à sa fille de le rejoindre dans son bureau, où ils restèrent jusqu’à ce que le repas soit servit.

 

Sinbad se faisait beaucoup de soucis pour Maeve. Vraisemblablement il y avait quelque chose d’important, voir même de grave qu’elle lui cachait. Si seulement ils n’avaient pas été interrompus hier soir. Bryn était arrivée à un très mauvais moment. Il décida de parler à Maeve dès qu’elle reviendrait, en attendant, il alla trouver Katelyn pour essayer d’en apprendre un peu plus tout de même.

Katelyn s’inquiétait de plus en plus, le conseil n’avait décidément pas perdu une minute pour convoquer Maeve. Qu’allait-il se passer ? Ne reverrait-elle plus jamais Maeve après cela ? Soudain ses pensées furent troublées par la présence de Sinbad. Il s’approcha d’elle avec le désir visible de lui parler sérieusement. Katelyn sut immédiatement de quoi il s’agissait. Maeve lui avait dit qu’elle n’avait pas put lui parler la veille, car Bryn les avaient dérangés.

- Katelyn, excuse-moi, pourrais-je te parler un instant, seul ?Demanda-t-il enfin.

- Oui bien sur, allons dans le jardin, on y sera plus tranquille. Répondit-elle alors.

Une fois dehors, Sinbad se tourna vers elle, et sans préambule, alla droit au but.

- Que se passe-t-il avec Maeve ? Elle a des ennuis ?

- Sinbad, je suis désolé, mais je ne peux pas vraiment te répondre. C’est à Maeve que tu devras le demander.

- Oui, je conçois que tu ne veuilles pas dire des choses qui pourraient être embarrassantes pour elle. Mais tu comprends, je m’inquiète énormément. Hier soir elle est venue me voir pour me parler, mais nous avons été interrompus.

- Je sais, elle m’en a parlé.

- Pourrais-tu me dire si c’est grave ou non, sans m’expliquer tout pour autant. Je t’en prit, je voudrais savoir, j’ai envie de faire quelques choses pour l’aider si je le peux.

- C’est très gentil de ta part. Malheureusement tu ne peux rien y faire. En résumer, c’est au sujet de son départ précipité d’Eire. Elle risque d’avoir des gros ennuis, mais elle t’expliquera tout elle-même. C’est la seule chose que je peux te dire.

- Bien, je comprends. Merci toutefois.

- Désolé, de ne pouvoir t’aider plus que ça.

 

Sinbad n’eut pas l’occasion de parler à Maeve. A peine le repas terminé elle annonça à ses amis qu’elle devait s’absenter, et qu’elle ne pouvait pas rester avec eux. Puis elle demanda à Katelyn de leur faire visiter la région en attendant.

Firouz décida de rester pour travailler sur son projet, Rongar voulut en faire autant afin d’aider son ami. Il avait toujours aimé regarder Firouz travailler. Bryn déclara qu’elle voulait quant à elle retourner en ville car elle y avait vu un petit objet, qu’elle mourrait d’envie d’acheter. Sinbad, Doubar et Katelyn partirent donc de leur coté, et Dermott, les accompagna.

Maeve sentit son malaise grandir comme elle entrait dans la salle du conseil. Son père se tenait à ses cotés en signe de soutien. Ils s’assirent face aux membres, sur les fauteuils qui leurs avaient été attribués.

Bryn se rendit directement au pub d’où était sortit l’homme la veille. Elle y entra afin de rechercher celui-ci. Enfin elle l’aperçut dans un coin de la salle. Elle se dirigea aussitôt vers lui.

Ronan regarda dans la direction que lui indiquait son ami. Une jeune femme brune venait par ici. Il la reconnut. Elle accompagnait Maeve hier quand il l ‘avait rencontré sur la place. Elle s’appelait Bryn si sa mémoire était bonne.

En effet la jeune femme venait pour le voir. Après un salut rapide, et sans autre forme de cérémonie elle demanda à lui parler en privé. Ronan curieux accepta, et ils allèrent s’asseoir à une autre table à l’abri des oreilles indiscrètes.

Quand Katelyn, Doubar, et Sinbad rentrèrent de leur promenade, Bryn était déjà là. Elle se trouvait dans le salon avec Firouz, Rongar, et Arman. Le scientifique exposait fièrement le maniement de sa dernière invention. Aussitôt qu’elle vit Sinbad, elle se leva et vint vers lui.

- Sinbad, il faut que je te parle. C’est très important.

- Bien, répondit-il soudain très inquiet par le ton de sa voix.

- Allons ailleurs, si tu es d’accord. Je préférerais m’entretenir avec toi en privé.

Cette phrase eut pour effet d’augmenter l’angoisse de Sinbad. Il la suivit donc dans une autre pièce.

- Sinbad ce que j’ai à te dire n’est pas facile.

Sinbad l’écouta de plus en plus alarmé.

- Voilà, je me suis rendue en ville tout à l’heure, et j’y aie rencontrée l’homme d’hier, Ronan. Il m’a apprit quelque chose de très surprenant, que je n’ai pas voulut croire au début, mais qu’il m’a bien fallut accepter quand il eut finit de tout m’expliquer.

Elle s’arrêta un instant, consciente de l’effet qu’avait cette déclaration sur Sinbad. Celui-ci était devenu très pâle, et attendait avec impatience que Bryn reprenne son récit.

- Sinbad, Maeve et Ronan sont fiancés. Ils devaient se marier il y a quatre ans à la même époque.

Cette dernière phrase eut l’effet d’une bombe sur Sinbad. Il blêmit. Fiancée, Maeve était fiancée. Il ne pouvait pas croire ce qu’il venait t’entendre. Si Bryn n’avait pas été son amie, il ne l’aurait jamais cru. Pourtant, il fallait qu’il se résous. Cela expliquait alors le comportement étrange de Maeve vis-à-vis de cet homme. Pourquoi ? Pourquoi, ne lui avait-elle rien dit ? Elle lui avait déclaré l’aimer, et en fait, il s’apercevait qu’elle était promise à un autre. Comment cela pouvait-il être possible ? Non, ce ne pouvait pas être vrai. Mais les faits étaient là. Maeve n’avait-elle pas des ennuis dus à son départ précipité ? Peut-être avait-elle repousser la date du mariage pour une quelconque raison ? Mariage. Ce mot résonna dans la tête de Sinbad.

- Sinbad, dit la voix de Bryn, le sortant ainsi de ses lugubres pensées. Sinbad, je suis désolée. J’aurais aimé ne pas avoir à t’apprendre une si douloureuse nouvelle.

- Non, Bryn, ne t’excuse pas. Tu as bien fait. Je te remercie, répondit-il vaguement. Il avait soudain l’envie de rester seul. Tu pourras dire aux autres que je suis partit me reposer, s’il te plaît. Je ne me sens pas très bien.

- Bien sur, répondit Bryn avec une voix douce, et pleine de compassion, du moins en apparence. Au fond d’elle, elle se réjouissait d’avoir réussit. Sinbad était complètement désemparé quand il quitta la pièce.

Quand Bryn revient dans le salon, elle était seule. Sinbad ne l’accompagnait pas. La petite brune expliqua alors son absence en disant que Sinbad se sentait fatigué, et qu’il était partit se reposer. Katelyn, regarda, la jeune femme, elle avait l’air étrange, comme si elle cachait quelque chose. Elle pensa alors aux soupçons qu’avaient Maeve à son sujet, et dont elle lui avait fait part. Elle l’observa un moment discrètement, cherchant à découvrir un indice. Mais elle ne la connaissait pas assez pour remarquer une éventuelle différence dans son comportement. Par contre, elle commençait à bien connaître Sinbad, et cela ne lui ressemblait pas de s’isoler ainsi, sans prévenir. Elle aurait aimé aller lui parler, mais elle ne pouvait décemment pas abandonner ses invités.

* Dermott, pourrais-tu aller dans la chambre de Sinbad, voir si tout va bien, s’il te plaît.*

* Si je comprends bien, tu veux que j’aille l’espionner * répondit Dermott, en riant.

* Non, ce n’est pas ça, je m’inquiète c’est tout. Bryn semble cacher quelque chose, je veux juste être sûre que Sinbad va bien.*

* D’accord, tu as raison c’est très étrange. Je vais aller voir.*

* Merci Dermott.*

Dermott s’envola donc par la fenêtre en direction de la chambre de Sinbad.

Une fois seul dans sa chambre, Sinbad laissa libre cours à ses sentiments. Il sentit la colère et la douleur monter en lui. Il fit tomber tout ce qu’il y avait sur la table dans sa rage. Son attention fut attirée par un petit bruit métallique. Il se baissa pour ramasser l’objet qui en était la source. Il s’agissait d’une bague. Cette même bague qu’il avait achetait discrètement la vielle au village, il espérait l’offrir à Maeve, en gage d’affection. Il tient la bague quelque instant, puis le visage triste, il la reposa délicatement sur la table.

Dermott se posa sur la branche d’un grand chêne qui lui permettait ainsi de voir ce qui se passait dans la chambre de Sinbad. Il le vit jeter tout ce qui se trouvait sur la table à terre. Il semblait vraiment très en colère. Puis il ramassa quelque chose et son visage prit une expression de grande tristesse. Dermott ne pouvait pas voir ce que tenait Sinbad. Son regard s’assombrit, et il posa l’objet de nouveau sur la table. Puis il se dirigea vers le lit et s’écroula dessus. Dermott commença à s’inquiéter, jamais il n’avait vu Sinbad dans une telle rage. Il y avait certainement quelque chose qui le tracassait, quelque chose de grave à en juger par son comportement. Il décida d’aller en parler immédiatement à Katelyn.

Katelyn vit son frère revenir, et aussitôt, elle s’écarta du reste du groupe afin de s’entretenir tranquillement avec lui. Il semblait soucieux. Ses craintes étaient donc fondées, il était arrivé quelque chose à Sinbad.

* Dermott, qu’y a-t-il ? Tu as l’air très troublé ? Est-ce que Sinbad va bien ?*

* Je ne sais pas trop. Il est bizarre. Quand je l’ai vu il semblait fou de rage, mais je ne sais pas pourquoi. Je suis inquiet désormais, une telle colère ne lui ressemble pas. Il a dû arriver quelque chose d’important.*

* Merci, Dermott, d’y avoir été. Maintenant il faut que je puisse parler à Sinbad. Savoir ce qui se passe.*

* Peut-être devrais-tu en discuter avec Doubar. Il a toujours su remonter le moral de Sinbad quand Maeve n’était plus là. Je pense que lui pourrait trouver les mots qui conviendraient. *

* Tu as sans doute raison Dermott. Je fais lui en parler. Mais comment ? Je dois trouver un moyen de le faire sans que les autres ne se posent des questions.*

* L’idéal, serait de le contacter par télépathie.*

* Oui, mais je ne sais pas si je saurais. Avec Maeve ou toi, c’est simple car vous possédez des pouvoirs, mais je n’ai jamais essayer avec une personne ordinaire.*

* Concentres-toi, tu peux le faire, je sais que Maeve en ai capable, de plus moi aussi j’y suis arrivé avec père, alors pourquoi pas toi.

* D’accord, je vais le tenter.*

* Kate, fais attention, tu dois ériger une barrière encore plus puissante si tu ne veux pas que Bryn puisse t’entendre également.*

* Bien.*

 

Doubar…Doubar.

Doubar sursauta, il lui semblait avoir entendu quelqu’un l’appeler, mais personne n’avait parlé.

Doubar…l’appela de nouveau la voix.

Il tourna la tête de gauche à droite, cherchant la source du son. Tout à coup son regard accrocha celui de Katelyn qui semblait concentré sur quelque chose. La voix se fit encore entendre, Doubar…Cette fois ce dernier put l’identifier : c’était Katelyn. Il la regarda interrogateur.

 

Katelyn compris que Doubar l’avait entendu, elle entreprit donc de lui parler de la scène qui s’était déroulée dans la chambre de Sinbad, et dont Dermott avait été témoin.

Doubar, je suis inquiète, je suis sûre qu’il se passe quelque chose. Dermott la ressentit lui aussi. Pourrais-tu parler à Sinbad afin de découvrir ce qu’il en ait.

Doubar sembla soucieux quand il répondit à Katelyn par un signe affirmatif de la tête. Il s’effraya à l’idée de découvrir que son petit frère avait des problèmes. Bredouillant une excuse aux autres, il sortit de la pièce.

 

Sinbad essayait de se calmer, quand un coup fut frappé à sa porte. Il se releva brusquement et se dirigeait vers l’entrée.

Doubar fut étonné en voyant la porte s’ouvrir violemment, Sinbad se tenait devant lui visiblement irrité.

Quand Sinbad fut Doubar en face de lui, il se calma un peu. Que pouvait bien venir faire son grand frère ici ? Puis il s’aperçut que ce dernier semblait anxieux. Il s’inquiétait pour lui, comme il l’avait toujours fait. Cette fois Sinbad se radoucit.

- Doubar, excuse-moi, je ne pensais pas…

- Ce n’est rien petit frère. Mais toi, qu’est-ce qui ne va pas ? Tu as l’air si étrange.

- Oh! Doubar, je viens d’apprendre quelque chose d’horrible. Je ne sais plus quoi penser.

- Sinbad, dis-moi, puis-je t’aider ?

- Non, malheureusement, tu ne peux rien faire cette fois.

- Mais de quoi s’agit-il ?

- Doubar, je n’ai pas très envie d’en parler maintenant, je voudrais juste rester seul. S’il te plaît.

- Bien comme tu voudras, mais si tu changes d’avis, viens me voir aussitôt promis.

- Promis. Merci Doubar.

 

Doubar avait vu qu’il ne devait pas insister, il quitta donc la pièce encore plus alarmé qu’auparavant.

 

Maeve rentra enfin avec son père. Ils semblaient soulagés. Katelyn interrogea aussitôt sa sœur.

* Maeve, que s’est-il passé ?*

* Tout est finit Katelyn, le conseil a reconnu mes droits, et a annuler la plainte de Ronan. Il a jugé que le mariage ne devait pas avoir lieu sans un consentement mutuel.*

* C’est magnifique Maeve, je suis très contente pour toi.*

* Oui, tout est enfin réglé, je peux désormais faire ce que je désire. Père a été très clair là dessus. Il m’a soutenu jusqu’à la fin déclarant que plus jamais il ne laisserait le conseil dicté la conduite de sa famille. Tu aurais été fière de lui, tout comme je le suis.*

* Maeve rien ne pouvait me faire plus plaisir. Vous êtes à nouveau complice tout comme autrefois.*

Dermott vint à son tour félicité sa petite sœur, et ensemble il se dirigèrent vers le salon où leurs amis les attendaient.

 

Maeve remarqua tout de suite l’absence de Sinbad, et s’en inquiéta. Doubar lui expliqua que celui-ci était fatigué, puis alors que personne ne le regardait, il ajouta en chuchotant, l’histoire que lui avait racontée Katelyn, ainsi que ce qui s’était passé quand il avait essayé de parler à son frère. Puis il lui demanda si elle pouvait aller le voir, afin de tenter de découvrir ce qui n’allait pas.

Maeve accepta, et se dirigea alors vers la chambre de Sinbad. Aucun bruit ne lui parvenait de l’intérieur. Dormait-il ? Maeve frappa doucement.

La porte s’ouvrit, et Maeve put voir un Sinbad au visage tiré, soucieux, et triste.

Quand Sinbad vit Maeve, son cœur fit un bond dans sa poitrine. De nouveaux le sentiment d’avoir été trahit l’envahit. Il la regarda presque avec fureur.

Maeve sentit la méfiance de Sinbad à son égard. Que se passait-il ? Il avait l’air de lui en vouloir personnellement.

- Sinbad, qu’y a-t-il ? Aurais-je fais quelque chose qui t’aurais déplut.

- Pourquoi dis-tu cela ? Demanda-t-il avec un ton agressif.

- Et bien la façon dont tu me regardes, tu me parles, n’est pas ce que je pourrai appeler très douce.

- Et...? Demanda-t-il curieux t’entendre son explication.

- Et, j’aimerai que l’on discute de ce qui te troubles ainsi.

- Je crois que nous n’avons plus rien à nous dire.

 

Ces mots vinrent heurter Maeve en plein visage. Elle se tourna vers lui étonné, sans le comprendre. Comment, comment pouvait-il lui dire cela ? Ils s’aimaient cela ne comptait plus pour lui. Que s’était-il passé ? Maeve voulait une explication. Elle entra dans la chambre et referma la porte derrière elle.

- Sinbad, qu’est-ce que tu entends par-là ?

- Je crois que c’est très clair, je ne veux plus te voir. Va-t’en.

- Mais pourquoi, expliques-moi. Je pense que j’ai le droit de savoir pourquoi tu te conduis ainsi.

- Je t’aimais, je te faisais confiance, et toi tu m’as trahit.

- Quoi ? Mais de quoi parles-tu, je n’ai rien fais de la sorte.

- Ah oui, alors parles moi de Ronan, de ton mariage qui aurait dû avoir lieu il y a quatre ans.

 

Maeve resta un instant abasourdit par une telle déclaration. Sinbad vit sa surprise, et considéra son silence comme une confirmation. Maeve ne chercha même pas à le nier.

- Comment as-tu appris cela ?

- Alors tu l’admets. Tu avoues enfin ton mensonge.

- Sinbad, je n’ai jamais désiré te mentir. J’ai même voulut tout te dire, mais je n’en ai pas eut l’occasion. Sinbad, c’est…

- ASSEZ, cria Sinbad. Puis il la saisit sans ménagement elle la secoua.

- Sinbad, je t’en prit, il faut me croire. Je t’aime.

- Non, ne dit plus jamais cela.

- Sinbad, laisse moi t’expliquer, ce n’est pas du tout ce que tu crois. Je…

- Non, l’interrompit Sinbad, je ne veux plus t’écouter, c’est fini. Va-t’en sort de ma vie.

- Sinbad…dit Maeve, sentant les larmes couler malgré elle le long de ses joues.

- Je partirais demain, dit à ton père que je le remercie de son hospitalité. Déclara Sinbad en poussant Maeve hors de la pièce, et en fermant la porte.

 

Maeve resta une seconde bouche bée, regardant la porte close, et ne sachant plus que faire. Sinbad ne lui avait même pas laissé le temps de s’expliquer, il l’avait jugé, condamné et qui plus est avant qu’elle ait l’occasion de se défendre, tout comme l’avait fait le conseil avant lui. Elle s’enfuit alors vers sa propre chambre en courant.

Bryn qui se trouvait dans sa chambre à ce moment, avait tout entendu. Elle se réjouit que son plan ait fonctionné. Demain Sinbad et elle reprendraient leurs voyages, en laissant cette maudite sorcière et l’âme de Sinbad derrière eux. Elle avait enfin réussit. Elle pourrait bientôt avoir ce qu’elle avait toujours voulut :Sinbad. Il le lui avait promis.

Bryn sourit, heureuse d’avoir gagné face à Maeve. Sinbad allait lui appartenir désormais, et plus rien ne pourrait y changer à cela.

 

Sinbad se calma après le départ de Maeve. Elle avait osé lui avouer qu’elle lui avait mentit. Le pire c’était qu’elle n’avait même pas tenté de nier, de le dissuader, lui dire qu’il se trompait. Elle avait tout simplement avoué. Elle lui avait brisé le cœur et cela délibérément. Comment avait-il put être à se point aveugle ? Etre si stupide pour faire confiance en une femme ? Elles étaient toutes pareilles, manipulatrices, et perverses. Pourtant il avait cru en Maeve, n’était-elle pas l’élève de son grand ami, Dim-Dim ? Oh il s’en voulait d’avoir été si bête.

Mais soudain, un sentiment de culpabilité remplaça la colère au fond de lui. Il ne lui avait pas laissé le temps de s’expliquer. S’expliquer, mais pour dire quoi ? Semblait hurler une petite voix à l’intérieur de lui. Elle t’a trompé, mentit, comment aurait-elle put expliquer cela ? Sinbad était désespéré, le cœur gros il se dirigea vers son lit et se coucha, tentant d’oublier Maeve et ses mensonges.

Katelyn se précipita dans la chambre de Maeve, après qu’elle ait vu cette dernière passer dans le couloir en courant et pleurant. Il s’était passé quelque chose. Elle frappa.

- Oui, dit Maeve entre deux sanglots, sachant qu’il s’agissait de Katelyn.

- Maeve, que se passe-t-il ? Qu’est-il arrivé ? Demanda Katelyn alarmé par les pleurs de sa sœur.

- Oh ! Kate, Sinbad…il a…il a apprit pour Ronan…je ne sais pas comment, et maintenant…il refuse de me parler…ni même de me voir.

- Maeve, je suis désolé. Racontes-moi ce qui s’est passé ?

- Doubar m’avait dit que Sinbad était étrange…il m’a demandé d’aller lui parler…commença Maeve en essayant de se calmer.

- Quand Sinbad a ouvert, il semblait froid et contrarié. Je lui ai demandé ce que j’avais put faire pour qu’il me traite ainsi, et puis il m’a dit qu’il savait pour Ronan, pour le mariage. Il ne m’a même pas laisser lui expliquer, il a hurler qu’il ne voulait plus entendre de mensonges, et a déclarer qu’il repartirait demain. Il ne m’aime plus, Kate.

- Maeve, ne pleure plus. Il y a un malentendu, et nous allons régler cela. Je suis sûre que Sinbad t’aime, c’est évident. Seulement la nouvelle a été un peu dure pour lui, je vais essayer d’aller lui parler.

- Non, Kate, ça ne sert à rien, il refusera de t’écouter.

- Bien alors je demanderai à Doubar. Lui, il l’écoutera sûrement.

- Kate, attends…

- Non Maeve, il ne faut plus attendre. Demain il sera trop tard. Laisses-moi faire, ai confiance.

- Merci Katelyn.

 

Celle-ci en retour sourit à sa sœur, et la serra dans ses bras. Après un petit instant, elle se leva, et sortit.

 

Maeve, restée seule, tenta d’arrêter ses larmes. Elle avait réussit à vaincre certains de ses démons, et aussitôt d’autres venaient prendre la place. Elle aimait Sinbad, et jamais elle ne pourrait vivre sans lui. Qu’allait-elle devenir ?

Dermott qui avait sentit le désarroi de sa sœur, vint aussitôt. Il trouva Maeve, sanglotant sur son lit. Il se posa près d’elle et chercha à la réconforter comme il le pouvait.

- Doubar, appela Katelyn, alors qu’elle le voyait sortir du salon.

Aussitôt, l’intéressé se retourna, et vint vers elle. Il remarqua son expression angoissée, et il sut immédiatement que quelque chose n’allait pas.

- Qu’y a-t-il ? Demanda-t-il, soudain très inquiet.

- C’est Sinbad et Maeve, ils se sont disputés. C’est assez grave.

Doubar la regarda de plus en plus anxieux.

- Qu’est-ce qui s’est passé ?

- Sinbad a découvert que Maeve avait été fiancé avant qu’elle…

- Quoi ?Maeve fiancée ?

- Oui. Ecoute je vais tout te dire, mais allons sur la terrasse, nous y serons plus tranquilles.

- D’accord, je te suis.

 

Une fois dehors, Doubar se tourna vers Katelyn, afin d’obtenir des explications. Cette dernière commença donc à lui raconter ce qui s’était passé il y a quatre ans.

- Maeve avait refusé ce mariage, mais le conseil ne voulait pas entendre raison. Puis elle a dû s’en aller, précipitamment, non seulement pour éviter le mariage, mais également pour apprendre la magie avec maître Dim-Dim. L'homme que nous avons rencontré au village hier, Ronan, était son fiancé, mais Maeve ne la jamais aimé, je te le jure. Enfin quand le conseil a apprit le retour de Maeve, il a fallut qu’elle s’explique. Et aujourd’hui, il a reconnu ses tords, et a délivré Maeve de son obligation envers Ronan. Elle est donc libre désormais.

- Mais pourquoi Maeve ne lui en a pas parler plus tôt ?

- Elle a voulut le faire, mais elle n’a pas pu. Bryn les a dérangés au mauvais moment. Cela dit je ne sais pas comment, Sinbad l'a apprit, et il est rentré dans une colère monstre. Il a violemment dit à Maeve, qu’il ne voulait plus jamais la voir, ni lui parler, car il pense qu’elle la trahit, qu’elle lui a mentit. Maeve m’a dit qu’elle n’avait jamais vu Sinbad dans un tel état. Il ne lui a même pas laisser le temps de tenter de lui expliquer quoi que ce soit.

- Oui, c’est très bizarre, Sinbad n’agit jamais de la sorte. Je vais aller lui parler, essayer de lui faire entendre raison. Le convaincre d’écouter Maeve.

- Merci Doubar, je savais que tu comprendrais, et que tu ferais tout pour les aider.

- C’est normal, après tout Sinbad est mon petit frère, je me dois te le remettre dans le droit chemin quand il s’égare un peu trop. De plus je considère Maeve comme ma sœur, je l’aime énormément et je ne permettrais à personne de lui faire du mal.

- Merci.

 

Il lui sourit en retour, et puis il rentra afin d’aller trouver son frère, et de lui demander des explications sur son comportement odieux.

Toc, toc.

Sinbad se leva et alla ouvrir, Doubar lui fit face avec un air visiblement mécontent. Doubar remarqua tout de suite les traits tirés de son frère. Celui-ci semblait ne plus savoir où il en était. Il fit signe à son frère d’entrer.

- Sinbad il faut que l’on parle de Maeve, dit Doubar sans préambule.

- Doubar, je ne sais pas ce que l’on t’a dit, mais je ne veux pas en discuter. Pour moi c’est une affaire régler. Je ne veux plus jamais en entendre parler, tu m’as compris.

- Oui, je t’ai compris. Mais il en est hors de question.

- Doubar…

- Non Sinbad, tu vas m’écouter jusqu’au bout. Je trouve que tu as été ignoble avec Maeve…Sinbad, qu’est-ce qui te prends, je te connais, je sais que tu l’aimes, alors pourquoi refuses-tu de l’écouter.

- Doubar, elle m’a mentit. Elle m’a dit qu’elle m’aimait, et pourtant elle devait se marier avec un autre. Se marier, tu comprends, répéta Sinbad avec un tremblement dans la voix.

- Sinbad, Katelyn m’a tout expliqué. Maeve voulait te le dire mais elle n’a pu t’en parler seul à seul. Laisse-lui une chance de tout te dire. Tout est finit maintenant, elle est libérée de ce mariage dont elle n’a jamais voulut. Sinbad, crois-moi, je suis ton frère et je sais ce qui est bon pour toi. Et pour le moment ce qui est bon, c’est Maeve. Ecoute-là, parle lui, et ensuite tu décideras ce que tu veux vraiment faire. Et si tu es assez intelligent, comme je l’ai toujours su, tu lui diras que tu l’aimes et tu lui demanderas pardon.

- Bien, d’accord, tu as gagné. Je vais lui parler.

- Parfait, je vais dire à Katelyn d’aller la chercher.

Quelque instant plus tard, Maeve entrait dans la chambre de Sinbad. Celui-ci se tenait debout devant la fenêtre et tournait le dos à la porte. Elle toussa légèrement pour manifester sa présence. Il se retourna aussitôt. Il la regarda. Elle avait visiblement pleuré, ses yeux étaient rouges et encore humides. Un sentiment de culpabilité l’envahit. Oui Doubar avait raison, il l’aimait.

- Sinbad, je voulais te le dire, crois-moi. J’aurais tellement aimé que tu l’apprennes autrement. Mais je ne pouvais rien te dire, pas avant que tout soit terminé. Oui, Ronan et moi étions fiancé, nous devions nous marier peu de temps avant mon départ. Mais je n’ai jamais voulu de ce mariage, seulement je n’avais pas le choix. Alors je suis partie. Mais les choses ont changé, mon père a changé. Et aujourd’hui, je ne suis plus obligé de me marier. J’ai le droit de faire mes propres choix…Et c’est toi que j’ai choisit, ajouta-t-elle en regarda Sinbad dans les yeux.

 

Sinbad ne put se retenir plus longtemps, il se dirigea vers Maeve et la prit dans ses bras.

- Oh ! Maeve, pardonne-moi, pardonne-moi, dit-il. J’ai été stupide, je me suis laissé aveuglé par ma colère, je ne pensais pas ce que je t’ai dit. Je t’aime.

- Sinbad, dit Maeve sans pouvoir retenir ses larmes, Je t’aime aussi.

Sinbad se pencha vers elle, et essuya ses larmes, puis il se rapprocha et l’embrassa tendrement. Maeve lui rendit son baiser avec passion.

 

Dans sa chambre Bryn commença à rassembler ses affaires, demain ils partiraient, elle devait donc être prête. Elle chantonnait presque tout en rangeant les derniers objets dans son sac. Elle décida d’aller voir Sinbad, juste pour lui montrer qu’elle était là, s’il avait besoin de réconfort. Elle se regarda un instant dans le miroir, replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et sortit de la chambre pour se rendre chez Sinbad. En arrivant devant la porte, elle constata que celle-ci était entrouverte. Inquiète, elle l’ouvrit. * NON* cria-t-elle à l’intérieur d’elle-même.

Sinbad tenait Maeve aussi près de lui qu’il le pouvait. Il semblait vouloir ne plus jamais la laisser s’éloigner de lui. Il l’aimait et venait de prendre conscience qu’il ne pouvait pas vivre sans elle.

Bryn en les voyant, vit tous ses espoirs écroulés. Elle avait de nouveau échoué. Qu’allait-il se passer ? Allait-il la tuer ? La peur l’envahit, elle recula, et partit en direction de sa chambre. Elle tremblait, s’attendant à le voir apparaître devant elle d’un moment à l’autre. Il allait certainement lui faire payer son échec. Cela faisait maintenant deux fois qu’elle le décevait, il ne lui pardonnerait plus.

Doubar et Katelyn passèrent devant la chambre de Sinbad alors que celui-ci en sortait avec Maeve. Ils se tenaient par la main, et semblaient heureux. Doubar et Katelyn leurs sourirent, content de voir que tout était désormais rentré dans l’ordre.

Ensemble ils rejoignirent le salon.

 

Beltan.

Les Druides avaient enfin allumé les deux grands feux. Les festivités de ce début d’été allaient alors commencer. Tout le monde était réunit pour faire la fête.

La musique et les danses n’avaient pas cessé. Maeve en était tout étourdie. Elle s’éloigna un peu et partit en direction de la côte. Elle regarda l’océan et le Nomad qui se balançait doucement sur les flots. Puis elle tourna la tête vers la plaine. Devant elle, les champs de bruyère s’étendaient à perte de vue. Elle ferma les yeux et respira l’air chargé de leurs parfums.

Alors elle sentit comme une vague de chaleur l’envahir. A ce moment, elle ne faisait plus qu’une avec ce pays. Le sang de ses ancêtres coulait dans ses veines. C’était ce même sang qui aujourd’hui faisait battre son cœur.

L’Irlande à jamais, brûlait dans son âme, dans son cœur.

Elle ouvrit les yeux et vit Sinbad qui l’avait rejoint. Il s’approcha d’elle lentement et la prit dans ses bras. Elle se laissa faire et posa sa tête sur son épaule.

- Alors Firouz tu es prêt, demanda Doubar impatient.

- Encore quelques petites minutes, j’y suis presque.

- Vous êtes que cela va fonctionner, demanda Pádraig inquiet.

- Je crois que nous n’allons pas tarder à le savoir.

Firouz alluma alors la mèche et se recula. Tout à coup un éclair s’éleva dans le ciel, il y eut un bruit sourd, suivit d’une explosion de couleur. Tous levèrent la tête pour contempler la gigantesque araignée dorée qui était apparut dans le ciel étoilé. Elle fut alors suivit d’une autre bleue, puis d’une rouge…le tout à grand renfort d’explosion, et de "AH !" admiratifs de la foule.

 

Sinbad et Maeve se tenaient blottis l’un contre l’autre, et regardèrent en silence le magnifique spectacle qu’avait créer le scientifique. Puis dans un même élan passionné, ils s’embrassèrent, oubliant ainsi tous ce qui les entouraient. Ils n’étaient plus que tous les deux, dans cette immense plaine parsemée de bruyère et de trèfles.

Bryn qui se tenait à l’écart, le vit soudain apparaître devant elle.

- Tu as encore échoué. Décidément tu ne me sers à rien. Je vais donc devoir me débarrasser de toi.

- Non, attendez, je vous en prit, donnez-moi une dernière chance. Cette fois ci je réussirais.

- Bien, je consens à te laisser vivre encore un peu, mais ne me déçois plus.

Je vous promets que je vais faire ce qu’il faut désormais. Sinbad, perdra son âme, et nous aurons ainsi chacun ce que nous voulons.

- Et que comptes-tu faire pour y parvenir ?

- Cette fois, je vais la tuer…

 

Fin